En lutte permanente contre les migrations irrégulières, la Commission européenne envisage de durcir les conditions d’exercice du droit d’asile en amont des…frontières de l’Union européenne. Elle a établi une liste de sept Etats désignés sous le terme de « pays sûrs » afin de réduire drastiquement dans ces zones supposées de départ le nombre de demandeurs d’asile pour l’espace…européen. Cette caractérisation politico-juridique permettrait ainsi aux Etats de l’espace Schengen de rejeter un maximum de demandeurs d’asile ressortissants des pays choisis. Outre l’Inde, le Kosovo, le Bangladesh et la Colombie, trois autres pays africains sont concernés : l’Egypte, le Maroc et la Tunisie.
Si le Parlement européen et le Conseil européen qui regroupe les 27 chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UE valident cette proposition, la mesure pourrait entrer en vigueur à partir de juin 2026, indique le Bulletin Quotidien (BQ) français du 17 avril 2025 lu par IMPACT.SN. Elle ferait alors partie des instruments du Pacte européen sur les migrations et l’asile prévu pour fonctionner à cette échéance adopté en mai 2024. Ce pacte renforce les moyens et le méthodes de lutte contre les migrations non désirées tout en accentuant l’expulsion des personnes en situation irrégulière, explique le site touteleurope.eu.
L’adoption définitive de la mesure « pays sûrs » vise par ailleurs à harmoniser les politiques migratoires dans l’espace européen. Seules la France, l’Italie et la Grèce disposent déjà, chacune, de leur liste de « pays sûrs ».
« Le Pacte asile met déjà en place une procédure de "filtrage" des migrants aux frontières de l'UE. Le but : distinguer plus rapidement ceux qui ont des chances d'obtenir l'asile de ceux qui ont statistiquement le moins de chances d'obtenir une protection : il s’agit généralement des ressortissants des pays pour lequel le taux de reconnaissance du statut de réfugié est inférieur à 20% en moyenne dans l’UE. C'est le cas des Marocains, des Tunisiens et des Bangladais », souligne InfoMigrants.
Dans sa volonté de juguler les flux migratoires en Méditerranée, l’Union européenne a signé plusieurs accords de coopération avec la Tunisie et la Libye, deux zones d’embarquement de plusieurs milliers de personnes en direction des pays européens les plus proches, l’Italie et l’Espagne.
Selon BQ, ce durcissement de la lutte contre les migrations irrégulières est fortement dénoncé par plusieurs organisations de soutien aux migrants. « Il s’agit d’une violation flagrante d’un droit fondamental, le droit d’asile », estime Romdhane Ben Amor, leader du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux ».
En juillet 2023, c’est un accord de plusieurs dizaines de millions d’euros qui a été signé à Tunis entre la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et le chef de l’Etat tunisien Kaïs Saied en présence de Georgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien d’extrême-droite et de l’ancien premier ministre néerlandais Mark Rutte. Un « partenariat stratégique » par lequel la Tunisie sous-traite pour Bruxelles la gestion des flux migratoires en empêchant le maximum de migrants et de demandeurs d’asile de pouvoir rejoindre légalement l’Europe.